Le terme « orange wine » (vin orange en français) est le
terme le plus courant dans le monde d’aujourd'hui pour décrire les vins blancs
de macération. Ce terme a été inventé en 2004 par David Harvey, un importateur
de vin britannique. Son but était d'introduire un terme qui serait basé sur la
couleur finale du vin, et non les composants (couleur du raisin), ni la
technique (pétillant, fortifié, pelliculaire, etc.) : le terme a donc été
choisi selon les mêmes critères que les vins blancs, rosés et rouges. Tous les
autres noms de couleurs possibles étaient déjà utilisés dans des appellations
spécifiques (par ex. vin jaune) et Harvey a donc choisi le mot « orange ». Dans
son article, il note qu'à ce moment-là, il ne pensait pas sérieusement que ce
mot aurait pu évoquer un fruit ou même créer d’autres ambigüités. Ainsi, le
terme « orange wine » a été adopté pour désigner les vins blancs de macération.
Ce terme a également été introduit en Géorgie. Il convient
de noter qu'il n'y avait pas de terme distinct en Géorgie faisant référence aux
vins blancs de macération. La langue géorgienne n'avait pas besoin d’avoir un
terme qui décrirait la méthode traditionnellement existant dans ce pays – en
géorgien « le vin blanc » désignait un vin élaboré selon la méthode traditionnelle.
Au XIXe siècle, la viticulture de la Géorgie, qui faisait partie de l'Empire russe, a été confrontée à de nouveaux défis. La Russie n’étant pas intéressée par les vins traditionnels géorgiens, elle avait besoin de vins de type européens (vin blanc, pétillant) pour son propre marché. Puisque la Géorgie, et surtout sa partie orientale, était réputée pour ses vignobles, elle devait désormais approvisionner la Russie en vin qui l'intéressait. D'une part, ce fut un avancement dans la vinification géorgienne, avec l'apparition des vins élevés en fût, l'introduction de nouvelles technologies de vinification en provenance d'Europe et la mise en bouteille du vin. C'est à cette époque qu’est apparu le terme utilisé pour désigner le vin blanc : « vin de méthode européenne » ou « vin fabriqué à l’européenne ». Cela signifie que l’on a introduit une définition pour différencier une méthode importée et étrangère à la vinification locale.
La récente ouverture des marchés étrangers aux vins
géorgiens amène à la nécessité de mentionner sur l'étiquette la méthode
traditionnelle – c’est-à-dire, le vin blanc de macération. La traduction du
terme « orange wine », nouvellement arrivé en Géorgie, n’a pas été adoptée par
la langue géorgienne ; en revanche, un nouveau terme a été créé, qui était de
couleur plus proche et ne provoquait pas d'ambiguïté par son sens : « vin ambré
». Aujourd'hui, il est largement utilisé pour désigner le vin de macération et
est écrit sur les étiquettes en géorgien (ქარვისფერი) et en anglais (amber
wine). En 2017, le changement a été apporté dans la loi sur la vigne et le vin,
et le terme « ambré » a été adopté en tant que quatrième couleur du vin.
Tiré : A. Cheishvili, "Quels risques dans la valorisation du patrimoine vitivinicole : le cas de la Géorgie". In : La sublimation patrimoniale du vin et des régions viticoles. 2023
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